Louis Vincent
Bonjour Louis, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Je m’appelle Louis Vincent. J’ai étudié le Surface Design à l’Université des Arts de Londres (UAL) et travaillé plusieurs années comme graveur avant d’opérer une transition vers le travail du bois et des matériaux naturels. Récemment, j’ai quitté Londres pour m’installer aux abords de la New Forest, dans le Hampshire (Royaume-Uni), afin de me consacrer pleinement à l’artisanat du bois. Mon grand-père était maître menuisier et mon père enseigne l’ingénierie; il m’a donc semblé presque instinctif de poursuivre, à mon tour, une voie tournée vers la fabrication et le travail manuel.
Qu’est-ce qui t’as conduit à explorer la laque, et plus particulièrement l’urushi ?
Au départ, je cherchais une finition naturelle pour le bois, capable d’offrir à la fois résistance et imperméabilité, dans le but de créer des pièces de vaisselle en bois, fonctionnelles. Mais en découvrant les possibilités de la laque urushi et d’autres matériaux naturels – comme l’argile sauvage ou les pigments minéraux, mon approche s’est progressivement transformée : l’accent s’est déplacé du fonctionnel vers le traitement de surface, donnant à mon travail une dimension plus sculpturale.
Comment décrirais-tu ton approche de cette technique : davantage ancrée dans la tradition ou guidée par l’intuition et l’expérimentation ?
Mon approche de l’urushi n’est pas conventionnelle. J’ai une profonde admiration pour l’art de la laque traditionnelle, mais ce n’est pas une voie que je souhaite reproduire dans ma pratique. Mon processus repose plutôt sur une interaction spontanée et intuitive avec la matière, où l’expérimentation joue un rôle central.
Les finitions et textures de tes pièces sont saisissantes. Elles évoquent parfois davantage la céramique que le bois. Que cherches-tu à exprimer à travers cette esthétique ?
Le lien avec le monde naturel est au cœur de ma démarche. Je m’intéresse particulièrement aux relations et aux dynamiques entre matière et forme. Les textures et finitions de mes pièces sont à la fois inspirées par le paysage et formées à partir de celui-ci, produisant des objets et des surfaces qui deviennent des représentations de la nature elle-même.
Parmi les techniques de laque japonaise figure le Sabi Yuri, qui associe argile, eau et laque brute. Est-ce cette méthode qui inspire ton propre procédé ?
Je ne connais pas le terme exact – s’il en existe un – car ma technique est entièrement autodidacte et intuitive, plutôt que fondée sur une méthode traditionnelle. C’est avant tout le dialogue avec la matière qui oriente le travail. Effectivement, un mélange d’argile, d’eau et de laque constitue la base de ces traitements de surface.
Pourrais-tu nous présenter les trois pièces qui figurent dans notre Sélection Laque Urushi de cet automne ?
Les trois pièces sélectionnées sont réalisées en hêtre provenant d’un arbre abattu lors d’une tempête dans la New Forest, Hampshire. Le bois brut a été tourné au tour puis recouvert de multiples couches de laque urushi mélangée à des argiles naturelles. Chaque couche est poncée et retravaillée afin de révéler les strates sous-jacentes, évoquant ainsi les surfaces naturelles façonnées par le temps.
- Lieu : Hampshire, Grande-Bretagne
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