Maison de Pierre Theo Coutanceau Domini

Publié le 20/01/2022

Au coeur de Bordeaux, dans le quartier historique du Sacré Coeur, se cache une rénovation d’une grande sensibilité. Imaginé par l’architecte et photographe Theo Coutanceau Domini, ce projet prend racine dans une ancienne construction de pierre, qui révèle une certaine propension à concevoir l’architecture comme une expérience du dénuement, une confrontation à l’essentiel. 

Témoins d’années d’occupation, les pièces de charpente existantes et les épais murs en pierre y ont été exhumés pour souligner l’archaïsme de leurs matériaux. Rien n’y est vraiment équarri ni droit mais les proportions sont exactes.

Désincrustées des marques de colles, peintures et autres revêtements que leur avaient imposées les années, les boiseries ont été sablées pour renouer avec l’épaisseur de la matière et révéler l’esthétique de la veine d’un bois. Les plafonds rampants isolés et bardés de voliges de charpente en sapin brute de sciage ont été teintées au brou de noix pour saturer l’expression de leur veinage et renouer avec la nuance de leurs surfaces. L’absence de finition revendique leur beauté imparfaite et rend plus riche une rugosité naturelle qui les rapproche de leur état d’origine. Les lames de parquet en bois ancien sont imprégnées d’huile de lin et disposées directement sur les solives. Elles s’exonèrent de la mise en œuvre de sous-couche ou d’isolant afin d’exacerber les craquements poétiques du bois sous les pas. Assis sur le sol, recouvert par les planches de bois, l’odeur de la fumée dans l’âtre, gouttes de pluie sur le toit, bois qui craque dans le feu, rumeur urbaine quelque part dans le monde extérieur… Ici, l’influence du lieu donne à penser les choses différemment.

On y vit entouré de peu de chose, affranchit de l’affectation de riche mobilier. L’espace se concentre sur des nécessités nues qui incite à ré-interroger la notion du confort et nous exposer que le luxe réside davantage dans notre manière de vivre un espace que dans l’apparence d’éléments précieux. On y retrouve ni fauteuils, ni chaises, dont la rigidité des formes inspire la contrainte du corps. Seuls sont disposés quelques assises de cuir noir, un long banc taillé dans des troncs de noyer massifs, et une imposante table monacale dessinés et réalisés spécifiquement pour ce projet.

Lieu de vie et atelier de l’architecte, Theo Coutanceau Domini y fait naitre ses projets dans une atmosphère sobre, amplifié par la beauté des choses crues, qui isole, interroge, et convoque l’imaginaire.