Pop-up à Paris du 11 au 14 décembre - 5 rue du Grand Prieuré, 11e

Mathieu Segret

Publié le 17/11/2025

Bonjour Mathieu, peux-tu te présenter et nous en dire un peu plus sur ton parcours ?

Je m’appelle Mathieu Segret, j’ai 38 ans. Formé en design produit, je continue aujourd’hui à exercer ce métier pour divers clients. En parallèle, je développe depuis plusieurs années une pratique artistique qui nourrit ma sensibilité et ma créativité. J’ai choisi le bois comme médium principal, attiré par la richesse et la vitalité de cette matière vivante. Cette exploration m’a ensuite conduit à découvrir la laque végétale, dont la profondeur et la subtilité m’inspirent profondément.

Comment as-tu découvert la laque urushi ?

C’est au fil de mes recherches sur l’artisanat japonais que j’ai découvert la laque, en observant des objets d’une beauté simple et intemporelle. Sans en saisir tout de suite la portée, j’ai voulu approfondir cette rencontre en me formant auprès de Nicolas Pinon à Paris, dont l’enseignement m’a révélé la richesse et la subtilité de cette matière. La laque me touche par ses contours indéfinissables, sa profondeur silencieuse et les possibilités infinies qu’elle recèle.

Quelle est ton approche de cette technique ?

La laque se révèle être une matière d’une grande résilience, mais aussi d’une profonde exigence. Son apprentissage passe nécessairement par la connaissance des techniques traditionnelles, avant de pouvoir s’ouvrir à des formes plus expérimentales. Après plus de deux ans de pratique, j’en suis encore aux débuts de mes explorations. La laque demande du temps, de l’observation, et une attention constante à son environnement et aux saisons.

Quelle place tient la notion de temps dans ta pratique ?

Le temps est un élément essentiel dans la pratique de la laque. Il ne peut être compressé, et il faut accepter sa lenteur naturelle. J’avais déjà expérimenté cette dimension du temps avec le bois, en attendant parfois plusieurs années de séchage pour obtenir une matière stable et équilibrée. La laque demande, elle aussi, un rapport patient, mais plus attentif encore : un suivi quotidien, presque comme un soin. Ce rythme crée une relation particulière avec chaque pièce, comparable à celle que l’on entretient avec une plante que l’on voit grandir jour après jour. À force d’attention, une véritable affinité naît avec la matière.

Tu travailles des matériaux et des savoir-faire anciens. Comment les relies-tu à une vision contemporaine de l’objet ?

Je ne vois pas de réelle opposition entre l’ancien et le contemporain. Ce sont avant tout des démarches différentes, plus ou moins proches de la nature et de l’humain. Les machines ont transformé nos manières de faire, rendant les processus plus rapides mais aussi plus distants. À travers ma pratique, j’essaie de renouer avec certains savoirs manuels oubliés, de les comprendre et de les réinterpréter selon ma propre sensibilité, dans une continuité avec le présent.

Y a-t-il une technique que tu aimerais prochainement expérimenter ? 

Depuis quelque temps, je travaille sur les différents niveaux de profondeur que la laque peut offrir. Cette recherche fait écho à l’œuvre de Pierre Soulages, dont la maîtrise des nuances m’inspire. Mon objectif est de trouver un équilibre subtil entre densité et éclat, un point d’harmonie qui donnerait tout son sens à ma recherche.

Y a-t-il des artisans, artistes ou maîtres laqueurs qui t’inspirent particulièrement ?

J’ai beaucoup de maîtres à penser, et chacun d’eux a nourri à sa manière mes réflexions. En ce moment je suis fasciné par le travail de Kohei Ukai qui m’interpelle par une pratique déroutante d’une grande simplicité apparente. D’autres influences, venues de la céramique, de la poésie ou de la musique, enrichissent également mon regard sur le monde et les croisements possibles avec l’univers de la laque végétale.

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  • Lieu : France
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