Otaku Tal Engel

Publié le 02/04/2017

Tal Engel est un jeune designer israélien. Ayant fait ses études à l’Université des Arts de Berlin, il nous présente Otaku, son projet de thèse.

Le point de départ du projet a été la salle de bain. Tal considère cette pièce comme la plus importante de nos espaces à vivre car elle est très intime à chacun. Souvent très pauvre en terme de design, la salle de bain classique est constituée d’une baignoire blanche et imposante, reflétant une ambiance froide. L’objectif du projet Otaku est de repenser notre expérience avec notre baignoire, la réinterpréter pour en faire un objet design qui nous satisfasse visuellement … et techniquement.

La théorie “inside-out”

La particularité de la baignoire Otaku provient de sa composition, principalement réalisée à partir de bois. Tal s’est tout d’abord inspiré des techniques traditionnelles de construction des bateaux asiatiques – vietnamiens en particulier – comme le coracle, un bateau primitif réalisé à partir de bambou tissé. Pour devenir étanche, le coracle était enduit de résine et d’huile de coco. Ses premières réflexions soulignent alors une relation unique entre le bateau et la baignoire, une similitude paradoxale dans laquelle émerge la théorie «inside-out». Physiquement, l’action du bateau qui flotte sur la mer diffère de l’action de se laver dans une baignoire : l’extérieur du bateau qui a un rapport direct avec l’eau, devient intérieur de la baignoire qui est remplie par l’eau.

Le matériau au coeur du processus

D’un point de vue technique, une importance a été donnée au choix des matériaux et à leur réaction au liquide. Une fois pulvérisé d’eau, le placage de bois se courbe très rapidement. A l’inverse, il revient à sa forme plane originelle une fois sec. Il était alors nécessaire d’utiliser une substance complémentaire capable d’être suffisamment performante pour supporter le placage, stabiliser et conserver la forme finale au bois, mais également résister à l’eau. Le polyuréthane, substance polymérique, a alors été associé au caoutchouc liquide transparent. Ce mélange d’un niveau de viscosité élevé rend après polymérisation la baignoire résistante contre les forts impacts. Le tissage a par ailleurs été un élément clé du projet. Les pressions – notamment du corps – pouvant être faites à la baignoire, cette dernière se devait d’être extrêmement résistante pour éviter que les matériaux ne se brisent ou ne se déforment.

Tal se tourna vers les techniques de vannerie des indigènes. Un tel processus de tissage de matériaux flexibles semblait adapté au projet Otaku, et l’a de ce fait inspiré. Il utilisa donc une technique de tissage appelée «twilled toes», créant un motif en escalier et permettant surtout de créer une structure à la fois forte et flexible. Une fois tout les éléments en main, le processus de fabrication pu commencer. Une fois la structure de bois plaquée réalisée et tissée, elle est travaillée à la vapeur pour devenir malléable. Elle est ensuite insérée sur le moule de la baignoire, pour prendre sa forme finale. La structure de bois est enfin déposée sur un châssis en acier noir, d’apparence fine mais solide lui aussi.

On aime

La série d’expérimentations inspirées de savoirs-faire ancestraux pour aboutir au meilleur résultat possible. Une baignoire atypique mais contemporaine qui pourrait raviver plus d’une salle de bains.