Rio Kobayashi

Publié le 13/01/2023

Bonjour Rio, né au Japon, tu as beaucoup voyagé en Europe. Peux-tu me parler de tes différentes expériences ? 

C’est une longue histoire ! J’ai grandi au Japon, dans la campagne près de Tokyo, entouré de mes parents artisans – mon père potier et ma mère restauratrice. J’ai fait toutes mes années scolaires au Japon dans le génie civil tout en étant très intéressé par l’architecture et la conception de produits. J’ai tout de suite été très curieuse de visiter l’Europe, puis je suis restée 7 ans en Autriche, où habite ma grand-mère. J’ai ensuite commencé à apprendre l’allemand et j’ai fait un apprentissage dans une menuiserie pendant 3 ans puis un stage en design mobilier chez Pudelskern, un studio de design local à Innsbruck tyrol, au cours duquel j’ai développé de nombreuses compétences. J’ai ensuite déménagé à Berlin et j’ai commencé à développer mes propres projets de design en tant que freelance. J’ai reçu une offre d’emploi à Londres pour organiser et concevoir une exposition durant la Milan Design Week, j’ai alors accepté. Je suis allé à Milan avec mon responsable et il m’a beaucoup motivé et m’a poussé à démarrer mes propres projets. Il y a 5 ans, j’ai commencé ma propre collection de meubles.

Penses-tu que tes voyages t’aient influencé dans ton travail ? 

Certainement oui. J’ai été influencé par un certain métissage culturel. Mes parents ont beaucoup voyagé quand ils étaient jeunes, et ont donc différents amis à travers le monde. En tant qu’enfant, c’est très enrichissant de rencontrer des gens qui n’ont pas la même culture que toi. Cela m’a permis d’ouvrir mon esprit. Je pense d’ailleurs que je n’ai jamais vraiment appartenu à une seule culture.

Dans mon travail, j’essaye de trouver ce mélange juste entre mes différentes influences. Cela peut se ressentir dans les différentes interprétations qu’offrent mes objets ; chacun peut y trouver un certain sens quand d’autres en trouvent un différent (comme pour la passoire ZARUCOLANDER par exemple)

Tu as pu travailler dans des studios de design internationaux. Que cela t’a-t-il apporté ?

J’ai travaillé avec l’artiste Taro Izumi avec qui j’ai développé quelques projets au Palais de Tokyo. Cette collaboration m’a vraiment donnée l’envie d’apporter du sens au design mais aussi d’être très rigoureux dans le travail. J’ai ensuite eu l’opportunité de travailler avec le designer Martino Gamper avec qui j’ai appris à créer tout en m’amusant, à faire les choses avant de penser et de voir par la suite comment ça évolue. Deux visions différentes mais enrichissantes !

Tu es à la fois designer et maker : tu réalises tes propres projets dans ton atelier à Londres. Comment as-tu appris le métier d’artisan ? 

J’ai grandi naturellement dans ce milieu, mes parents ont par exemple construits plusieurs maisons par eux-mêmes au Japon. Puis une fois en Autriche, dans la région du Tyrol, j’ai travaillé pour une entreprise de menuiserie spécialisée dans l’ameublement. Grâce à cet environnement j’ai pu apprendre les bases du travail du bois – débiter, raboter, préparer et poser le placage etc – que je peux aujourd’hui le transmettre aux autres. Cela m’a aussi aidé à créer de nouveaux projets tout en ayant conscience de la production, ce qui est selon moi important en tant que designer.

Travailles-tu toujours de la même manière, en imaginant et fabriquant ? 

Récemment, j’ai commencé à travailler avec une entreprise pour laquelle je conçois des projets et eux les mettent en oeuvre. C’est un travail très différent pour moi car je ne fabrique pas les objets que j’imagine. Néanmoins c’est enrichissant de travailler d’une autre manière, tout en gardant son esprit créatif et ses connaissances techniques.

Tu as fais parti du projet Local Ware en 2021 en tant que designer invité. Qu’est ce qui t’as intéressé dans ce projet ?  

Le sujet de la cuisine m’intéressait car j’aime beaucoup tout ce que cela évoque – le style de vie, la gastronomie, le partage. Il est important de se sentir bien dans sa cuisine pour apprécier y passer du temps et cuisiner pour les autres. Cela passe aussi pour moi dans l’acquisition d’ustensiles efficaces et esthétiques – tout comme dans un atelier de menuiserie ! Nombreuses de mes créations naissent de moments de partage. Cela me donne de l’inspiration et me pousse à créer de nouvelles choses. Pour Local Ware, nous avons pris le temps d’échanger avec les designers, venant tous de cultures différentes, c’est pourquoi j’ai vraiment apprécié travailler pour ce projet.

Son ZARUCOLANDER est désormais édité par OROS et est à retrouver sur notre boutique en ligne !