Roger Amoros OROS

Publié le 03/02/2017

Impossible de débuter cette série de rencontres sans commencer par la fibre paternelle du projet OROS. Souvent caché le week-end dans sa menuiserie artisanale, il crée des meubles pour ses proches. Récit d’un père pas comme les autres.

Quand es-tu tombé dans l’univers du bois ? 

A 14 ans on m’a offert une chaîne hifi avec des enceintes en plastique qui ne me plaisaient pas. J’ai voulu faire des enceintes en bois comme celles que je voyais dans les magazines. Je suis allé voir mon voisin, un retraité SNCF qui bricolait le bois, et qui m’a alors prêté son atelier pour que je puisse réaliser mon projet.

Pourquoi ne pas en avoir dédié ta vie professionnelle ? 

Ce sont les circonstances de la vie. Je n’ai pas directement été orienté vers les travaux manuels. J’ai fait des études, j’ai passé des concours, et puis dans la famille il n’y avait pas de menuisier alors ce n’était pas une priorité, plus un passe temps.

Tu es un autodidacte, ton entourage proche n’était ni ébéniste, ni menuisier. Que retiens-tu de cette expérience ? 

Un proverbe dit qu’un métier ne s’apprend pas, il se vole. J’ai observé des personnes qui faisaient de la menuiserie, j’ai acheté pas mal de bouquins, notamment chez Eyrolles, qui sont assez techniques. Puis j’ai commencé à investir dans du matériel Kity qui fournissait en plus des tutoriels pour réaliser des meubles. Autodidacte, c’est une forme de réflexion que j’ai instaurée partout. Avec des bouquins, de la curiosité, tu es capable de tout faire. Il suffit d’être soigneux et passionné, d’avoir l’envie et le besoin.

Quelle sensation te plait le plus dans cette activité ? 

Toutes les étapes de la menuiserie m’intéressent, à commencer par la conception. J’aime réfléchir, griffonner, dessiner, choisir les assemblages et les dimensions. Puis il faut sélectionner le bois, en acheter ou en débiter sur les arbres que j’ai abattu à droite à gauche. C’est assez plaisant de faire toutes les pièces du puzzle pour obtenir l’objet final, de partir de la matière brute, de se confronter aux difficultés et de les surmonter pour arriver au produit fini qui va trouver sa place dans notre quotidien.

Comment choisis-tu le bois que tu travailles ?

Cela dépend du projet en cours. Certains projets vont supporter un bois très veiné ou très clair. C’est donc un choix purement esthétique. Pour les projets d’ameublement j’aime beaucoup travailler le châtaignier qui est un bois assez dur et dont le veinage anime agréablement les panneaux. En tournage, je choisis l’olivier, le buis et le frêne, qui par exemple est un bois clair, dur avec de fins cernes de croissance.

Tu as réalisé de nombreuses pièces dans ton atelier. De laquelle es-tu le plus fier ? 

Ce n’est pas tant de la fierté que de la satisfaction d’avoir mené à bien mon projet. Faire correspondre une idée avec sa réalisation c’est le challenge qui me motive. Sinon j’aime beaucoup la sculpture, et je commence à avoir une petite collection de blasons.

Quelle est ta source d’inspiration pour créer ? 

Ce qui m’inspire, ce sont les lieux où je me rends, mes lectures, mes recherches. Je vais découvrir une forme de moulure, un symbole, un blason. Je les intègre dans mon imaginaire, puis une fois dans mon atelier, dans mes productions.

Quels sont tes projets futurs pour OROS ? 

Sur l’aspect rédactionnel, continuer à mettre en avant les différentes techniques. On a aussi pour projet de bientôt lancer un eshop pour proposer à nos lecteurs de petites créations OROS – les premières seront des tasses à café réalisées à partir de différentes essences de bois.

  • Photographe : OROS
  • Lieu : Béziers, France