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Sarah Espeute

Publié le 05/09/2021

Depuis la ville de Marseille, Sarah Espeute exprime sa créativité à travers différents médiums. A mi-chemin entre art et artisanat, elle développe notamment une ligne de pièces brodées. Pour cette rentrée 2021, Sarah signe une nouvelle collaboration avec OROS en lien avec le bois. Rencontre.

Bonjour Sarah. Artiste et designer, tu évolues en ce moment dans la pratique de la broderie. Peux-tu nous présenter ton parcours jusque là ? 

J’ai été scolarisée dans un lycée Arts Appliqués à Nîmes et je suis ensuite partie à Paris faire un BTS Communication Visuelle à Olivier de Serre (ENSAAMA). Après ces 2 années et un stage de 6 mois à Londres, j’ai monté RISO PRESTO, une imprimerie et maison d’édition spécialisée en Riso, une technique d’impression similaire à la sérigraphie sur des duplicopieurs de bureautique (de la marque RISO) détournés à des fins artistiques. Petit à petit je me suis orientée vers l’illustration et c’est dans cette démarche que je me suis plus particulièrement intéressée  au concept “ d’illustration d’intérieur ” sous le duo “Klima Intérieurs”. Cette approche illustrative et imaginaire de notre vision du design et de l’art m’a poussée à la création 3D. La broderie apprise enfant et mon attirance pour le textile ont naturellement constitué mes premiers médiums pour imaginer des objets de décoration. Chez moi, j’ai eu l’idée de réaliser des trompe-l’œil et de dessiner avec le fil sur des rideaux. Le rendu illustratif dans un intérieur m’a tout de suite plu. La nappe repas est venue suite à cette expérimentation, pour une exposition autour de la table à Biarritz.

Tes pièces brodées pour la table dévoilent des motifs modernes mais à la fois intemporels. Que recherches-tu à travers elles ? 

La nappe trompe-l’œil donne une nouvelle dimension à la table, un décalage amusant sans perdre son sens originel, celui du repas et de la convivialité. La broderie et le tissu ancien apportent ce côté authentique et traditionnel que j’aime tant. En faisant de la broderie narrative, je peux imaginer tellement d’histoires et de moments suspendus. Mais j’aime que le support narratif repose sur des objets familiers que je trouve intemporels. J’aime l’idée que la nappe n’ait pas de marqueur de temps, qu’elle soit entre le passé et le présent, qu’elle fasse oublier la notion du temps.

Comment sélectionnes-tu tes tissus ? 

J’utilise principalement du Métis ancien, un tissage de lin et coton, très courant pour la confection de draps à l’époque. Ils sont épais et la qualité est incomparable avec celle du tissu actuel. Ces draps ont entre 50 et 100 ans et je trouve ça génial de pouvoir leur donner une seconde vie. Lorsqu’ils sont tachés ou trop blanchis par le lavage, je les fais teindre en teinture naturelle, tout est réutilisé !

Toi qui perpétues des traditions et savoir-faire à travers ta pratique, comment vois-tu l’artisanat évoluer les prochaines années ? 

L’artisanat c’est de nouveau l’avenir du design. Les gens prennent conscience de la valeur d’un objet artisanal, le savoir-faire derrière la main et l’humain derrière le savoir-faire.

Pour la nouvelle sélection « On The Table », nous t’avons proposé de concevoir des pièces pour la table inspirées par le bois. Quel intérêt portes-tu à ce matériau et comment t’inspire t’il ? 

J’aime beaucoup la présence du bois dans un intérieur, je trouve cela même indispensable ! Même si c’est un matériau commun, il reste noble et authentique. Et puis il existe tellement de manières de le travailler, le renouveler, que l’inspiration est sans fin. Le bois on ne s’en lassera jamais.

Peux-tu nous présenter ces 2 pièces que tu as imaginées et conçues ?

Quand Laure m’a demandé d’imaginer des éléments de table inspirés du bois, j’ai tout de suite eu envie d’utiliser mes chutes de tissus anciens pour faire des patchworks. Les tissus sont bruts avec des teintes différentes, je les assemble comme des pièces de bois. L’empiècement “papillon” des doubles sets de table fait écho à l’assemblage de bois “clé à queue d’aronde“, traditionnellement utilisé pour consolider le bois fissuré. Les lignes noires qui symbolisent le veinage du bois sont faites à la machine à coudre, c’est ce qui apporte une finesse au point mais aussi ce côté mécanique qui s’équilibre avec l’aspect rustique et brut du tissu.

Retrouvez ses pièces sur notre boutique en ligne, onglet Créateurs.