Timothée Musset Atelier Musset

Publié le 05/06/2019

Situé en Essonne, tout proche de la forêt de Fontainebleau, Timothée est charpentier de formation, créateur de mobilier par passion. Utilisant de vieilles charpentes pour créer des pièces usuelles et contemporaines, il amène d’une manière poétique un bois qui se laisse trop souvent oublier.

Comment Atelier Musset est né ? 

Je suis charpentier de formation. J’ai participé au Tour de France du compagnonnage, que j’ai terminé il y a deux ans. J’ai ensuite travaillé pour un bureau d’étude, dans lequel je ne suis pas resté très longtemps. J’avais pas mal travaillé sur les monuments historiques avant, et ayant un réel attrait pour le vieux bois, j’ai eu instinctivement besoin et envie de retourner vers cela. La région parisienne n’étant pas propice à ce travail de charpente sur les monuments anciens, j’ai naturellement voulu créer du mobilier à partir de vieilles charpentes, tout en les traitant de manière contemporaine. L’idée est de faire parler le vieux bois d’une manière différente de ce que l’on a l’habitude de voir, de lui donner une nouvelle vie.

Quelles essences utilisez-vous le plus en charpenterie ? En design mobilier ? 

L’épicéa est l’essence la plus répandue en charpenterie classique. Je suis quand même très attaché au chêne car j’ai réalisé mon apprentissage dans une petite entreprise qui en produisait beaucoup. Je privilégie les essences locales, j’évite d’aller chercher le bois à l’autre bout de la France en fonction de la localisation du projet. Pour le mobilier réalisé en région parisienne, j’essaie de privilégier les vieux bois que l’on trouve en IDF – notamment du chêne. Je source en principe la matière première en fonction de mon réseau, de mes amis charpentiers, de connaissances ou encore de particuliers sur Le Bon Coin.

Nous pouvons lire sur votre site « À la recherche des bois oubliés ». Voyez-vous dans ce projet une réelle mission de revaloriser ces bois ? 

Je vois davantage cela comme un moyen d’expression au travers duquel je peux faire coïncider mes propres convictions, c’est cela qui donne du sens à mon travail. Nous vivons dans un monde où il est de plus en plus difficile de ressentir et faire ressentir les choses. Je cherche alors à apporter bien plus qu’un élément de confort générique chez soi.

Le savoir faire ancestral prend une place importante dans votre processus de création, en quoi est-ce important pour vous ? 

Au delà de mêler les différentes époques, c’est surtout une volonté de lier les savoir faire, de mettre en oeuvre des assemblages ancestraux, appris quand j’étais charpentier mais aussi en portant une réflexion entre les différentes contraintes et solutions. Ce sont notamment les contraintes qui apportent les solutions dont notamment les savoir faire ancestraux. Je sors complètement de la technicité moderne (CNC, mélamine, produits issus de la pétrochimie, etc). Je crée alors par exemple ma propre cire d’abeille en allant chez l’apiculteur et en faisant mes propres mélanges. Au delà de la volonté de maîtriser entièrement la production, c’est important pour moi d’être dans la lignée de mes convictions. Pourquoi par mimétisme et empirisme on a su fabriquer de nouvelles choses sans faire appel à tant de chimie et technologie ? A travers ce projet je veux montrer qu’il est encore possible de créer des pièces contemporaines avec de vieux matériaux et techniques souvent oubliées.

Votre premier tabouret a une forme plutôt minimaliste, presque inspirée de l’esthétisme japonais. Comment caractériseraient vous vos collections ?

C’est assez compliqué de définir cela en une seule phrase. La prochaine pièce que l’on va présenter avec François Bazenant sera très brutaliste et architecturale, alors que le tabouret N°1 du studio Etat de Grâce est en effet assez minimaliste. J’ai envie de garder une certaine ligne directrice, notamment par le matériau qui restera inchangé, tout en ayant la liberté de pouvoir m’aventurer sur d’autres esthétisme.

Vous concentrez-vous uniquement sur le mobilier ou souhaiteriez-vous élargir votre champ d’action ? 

Le mobilier est en effet actuellement le coeur de mon activité. J’ai cependant quelques commandes privées en architecture d’intérieur comme par exemple avec le cabinet d’architecture parisien Joly&Loiret qui souhaite ré-aménager son son open space avec des tables en chêne assemblées en clavette.

Où pouvons nous retrouver vos créations ? 

Mes créations sont présentes en galeries, ce qui me semble assez naturel étant donné que chaque morceau de bois est unique, rendant ainsi chaque pièce unique – bien que la forme ne le soit pas. Elles sont aujourd’hui présentes à la galerie Arcanes à Saint-Germain-des-Près, ainsi que dans la galerie Le Sentiment des Choses, spécialisée dans les antiquités japonaises et située dans Le Marais. Cela m’offre une opportunité et une visibilité non négligeable dans les plus beaux quartiers de Paris.

Vous collaborez souvent avec des designers. Quelle vision apportent-ils en parallèle de la vôtre ?

À la création de Atelier Musset, je n’avais aucune base dans le design. J’ai commencé à m’intéresser à ce milieu, à faire des rencontres. Notamment celle de Jean-Michel Tarallo avec qui j’ai exposé le Tabouret N°1 au Forum Bois International à Nancy. Je collabore également avec le designer François Bazenant, ou encore avec Nicolas Campion, directeur artistique dans la publicité qui m’a notamment aidé à mettre en place mon identité. Cet aspect collaboratif me nourrit énormément de part notre complémentarité. Mon travail d’origine, charpentier, est très rationnel, en lien étroit avec la physique et les mathématiques. Le designer est davantage pluridisciplinaire sur de nombreux aspects, et notamment celui des matériaux. Cela le conduit à dessiner des choses qui me sortent de ma zone de savoir et de confort. C’est à partir de ce moment que cela devient intéressant.

Pourriez-vous nous en dire plus sur vos futurs projets ? 

Bien sûr ! Il y a notamment le Projet Borges, élaboré avec avec François Bazenant, venant de l’envie c’est de partir d’une forme unique tout en laissant le choix à l’usager de la démultiplier pour lui donner la forme que l’on souhaite. Nous nous sommes inspiré de l’auteur écrivain argentin Jorge Luis Borges et de sa nouvelle « La Bibliothèque de Babel » définissant que si l’on mélange toutes les lettres de l’alphabet on peut obtenir de nouveaux mots et ainsi créer une série illimitée de livres. Je serai également présent à Biarritz en juin, invité à présenter certaines de mes créations par la Galerie « A mano studio », notamment le banc « Regard Partagé » élaboré en chêne ancien de Normandie.

À l’occasion du Marché OROS, Timothée nous propose d’acquérir une pièce unique, un petit banc en chêne provenant d’une ancienne charpente.