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Tano Satsuki

Publié le 17/11/2025

Bonjour Tano, pourriez-vous vous présenter et raconter le parcours qui vous a conduite à votre travail actuel avec l’urushi ?

Je suis née en 1991 dans la préfecture de Shimane, au Japon. Lorsque j’étais étudiante, je travaillais sur des projets de sculpture sur bois. À cette époque, je me suis davantage intéressée aux objets du quotidien – vaisselle, ustensiles – qui s’intègrent dans la vie de tous les jours, plutôt qu’aux grandes sculptures.
En 2018, j’ai déménagé à Yamanaka Onsen, dans la ville de Kaga, préfecture d’Ishikawa, pour étudier le hikimono rokuro (une technique traditionnelle japonaise de tournage sur bois) ainsi que les techniques de laque urushi.
Aujourd’hui, je travaille dans une entreprise de laque tout en créant mes propres pièces que j’expose et vends lors de salons d’artisanat.

Qu’est-ce qui vous attire dans l’urushi ?

Ce qui me fascine le plus dans l’urushi, c’est qu’il s’agit d’une sève naturelle issue des arbres. Elle possède un lustre profond et unique et permet des décorations délicates. Ce n’est pas seulement un simple revêtement : de nombreuses techniques ont été développées au fil des générations, non seulement pour protéger les objets mais aussi pour les orner.
Le fait que ces méthodes traditionnelles aient été transmises par la sagesse de nos prédécesseurs et soient encore pratiquées aujourd’hui m’inspire énormément.

Comment décidez-vous de la technique de laque à appliquer à chaque objet ?

Mon travail se concentre principalement sur la création de formes rondes avec la technique du hikimono rokuro. Une des particularités de cette méthode est qu’elle permet de finir la pièce de manière très soignée sans altérer le veinage du bois. Je termine ensuite la pièce avec la technique du fuki-urushi, qui consiste à superposer de fines couches de laque. Cette méthode permet au veinage du bois de rester visible à travers les couches translucides de couleur ambre, mettant ainsi en valeur la beauté naturelle du matériau.

Quel rôle joue la notion de temps dans votre pratique ?

On m’a appris que « l’urushi est vivant ». La technique du fuki-urushi que j’utilise implique l’application de nombreuses couches très fines. Si elles sont trop fines ou trop épaisses, le rendu final n’est pas satisfaisant. De même, si la température ou l’humidité de la pièce ne sont pas optimales, la laque ne durcira pas correctement. Chaque étape doit être réalisée avec patience et minutie, ce qui prend beaucoup de temps, mais je crois que ce temps est essentiel pour créer un lien profond avec la pièce que je fabrique.

Comment votre environnement influence-t-il votre travail et vos choix de matériaux ?

J’ai grandi à la campagne, entourée de forêts, d’arbres, d’insectes, d’oiseaux et des changements des saisons qui faisaient partie intégrante de mon quotidien. À Yamanaka Onsen, où j’ai étudié, la tradition du tournage sur bois remonte à plus de 400 ans. Historiquement, les kijishi (tournisseurs sur bois) parcouraient le pays à la recherche de bois de qualité. Dans la fabrication d’objets en laque, le bois est un matériau essentiel et irremplaçable. La production de laque repose souvent sur une division du travail : certaines personnes coupent le bois, d’autres tournent la base, appliquent la laque ou ajoutent la décoration. Je crois que cette tradition culturelle est née de la coopération de nombreuses mains expertes.

Pour la Sélection Laque Urushi, vous présentez une petite carafe à saké. Pourriez-vous nous la présenter et expliquer les techniques utilisées ?

La pièce que j’expose est un katakuchi en bois de zelkova (keyaki), un type de verseur traditionnel utilisé pour le saké. La base a été tournée sur un tour à bois puis finie par sculpture manuelle. L’extérieur du récipient a été travaillé avec la technique du fuki-urushi, permettant aux fines couches de laque de faire ressortir le veinage du bois tout en créant un subtil dégradé allant du vert au brun puis au noir.
J’utilise pour cela une méthode appelée bokashi-nuri (laque en dégradé), qui consiste, dès la première étape d’application sur le bois, à mélanger deux couleurs de laque au pinceau pour obtenir cette transition de teintes.

Quel rapport aimeriez-vous que les utilisateurs aient avec vos créations ?

Le concept de mon travail est celui d’une « laque qui s’intègre dans la vie quotidienne ». Je souhaite que mes pièces accompagnent les gens lors de leurs repas, et que le moment où quelqu’un utilise un de mes bols ou récipients devienne un instant calme et réconfortant dans sa journée.

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  • Lieu : Japon
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